Page:Lebrun - Explication littérale historique et dogmatique des prières et des cérémonies de la messe - Tome 1 (1843).djvu/24

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écouté les siennes, et que ces conjectures et quelques pratiques des bas siècles l’avaient déterminé à ne donner à toutes les cérémonies de l’Église que des origines physiques de commodité ou de nécessité, et à faire un système qui lui avait fait prendre le change sur les vraies raisons d’institution. Il aurait fallu d’abord l’en avertir, et lui exposer les raisons qui auraient sans doute déterminé sa candeur et sa droiture à rectifier son système dans les volumes qu’il devait donner sur la Messe : mais malheureusement il mourut[1], lorsqu’on était sur le point de lier commerce avec lui. On ne peut donc plus s’adresser qu’aux lecteurs qui ont trop facilement adopté ses conjectures ; et comme nous nous sommes proposé de développer aux Fidèles l’origine et le sens des prières de la Messe, et le véritable esprit de l’Église dans les cérémonies, nous nous trouvons aussi obligés de montrer par l’ouvrage même de M. de Vert, où mènent ces sortes de conjectures. L’intérêt des Fidèles doit toujours être préféré au ménagement que mérite un particulier, quelque bonne qu’ait été son intention, et quelque considération qu’on ait pour lui. Allons d’abord à la source de son dessein et de ses recherches.

Système de M. de Vert sur une fausse supposition.

Il y a plus de trente ans, dit-il[2], qu’ayant ouï dire à un homme de fort bon esprit, d’ailleurs très-versé dans l’antiquité, que les cierges n’étaient originairement dans l’Église que pour éclairer ; cette idée me frappa, me mit sur les voies du sens naturel et historique des cérémonies, et je compris, dans le moment, qu’il fallait que toutes les autres pratiques de l’Église eussent de même leur cause primitive et physique, et leur raison d’institution. Je me mis donc sur cela à faire la recherche de ces causes et de ces raisons… J’ai tiré mes conséquences, formé mon sentiment, pris mon parti, et dressé enfin mon système. Mauvais début. Tout homme qui commence par faire un système, ne cherche et n’aperçoit plus que ce qui peut le favoriser.

Et pourquoi faire un système pour expliquer les cérémonies ? Il y en a qui ont été introduites par nécessité, d’autres pour la commodité ou la bienséance, et un grand

  1. À Abbeville, le premier mai 1708.
  2. Tom. 1. 2. ed. p. 214.