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De l’Encens.

M. de Vert a donc commencé par s’égarer en se mettant sur les voies ; sera-t-il plus heureux dans sa route ? L’encens, selon lui, a d’abord été employé dans l’Église pour corriger les mauvaises odeurs ; et l’on a donné des cierges allumés aux nouveaux baptisés pour s’éclairer en allant des Fonts à l’Autel. Ici il n’aurait pas fallu d’étude pour découvrir la fausseté de ses prétendues raisons physiques ; un peu d’attention en aurait fait sentir le ridicule. En effet, si l’on n’a brûlé de l’encens que pour répandre de bonnes odeurs dans l’église, il aurait suffi qu’on y eût fait mettre des cassolettes par qui que ce fût. Le Pontife n’aurait pas été chargé d’encenser lui-même en cérémonie l’Autel, comme on le voit dans les Constitutions Apostoliques, dans le Traité de la Hiérarchie Ecclésiastique, et dans saint Ambroise. Il ne se serait pas avisé de bénir cet encens, ni de faire en l’offrant ces belles prières qu’on lit dans les plus anciennes Liturgies, de saint Jacques et de saint Chrysostôme[1], et que l’Église Grecque récite encore à présent[2].

Des cierges des nouveaux baptisés.

Si les nouveaux baptisés n’avaient allumé leurs cierges que pour s’éclairer en allant des Fonts à l’Autel, pourquoi ne les aurait-on pas allumés en allant aux Fonts, puisqu’il était déjà nuit ? Les Prêtres, les Diacres, les parrains, et les autres Fidèles qui accompagnaient les nouveaux baptisés, n’auraient-ils pas eu les mêmes raisons d’en allumer ? Ce sont cependant les seuls nouveaux baptisés qui portent des cierges à la main, et certainement sans en avoir besoin : car à cette veille solennelle il y avait un si grand nombre de lumières, que les ténèbres de la nuit étaient changées en un jour brillant. M. de Vert l’a su ; et c’est ce qui lui a fait dire qu’on n’allumait point de cierges pendant l’Évangile, parce que le Diacre voyait assez clair. Ces grands luminaires auraient-ils donc suffi pour lire, et non pas pour se conduire ? M. de Vert aime mieux prendre ce parti, que de reconnaître, avec les anciens Pères,

  1. Euchol. Græc. p. 62.
  2. On a montré par les témoignages des anciens Pères, pag. 130 et suiv. que l’usage de l’encens avait été introduit dans l’Église par des raisons symboliques et mystérieuses.