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HYPATIE ET CYRILLE



SCÈNE I
HYPATIE, LA NOURRICE.


La nourrice.


Ô mon enfant, un trouble immense est dans la ville.
De toute part, roulant comme une écume vile,
Sous leur barbe hideuse et leur robe en lambeaux,
Les hommes du désert sortent de leurs tombeaux.
Hachés de coups de fouet, saignants, fangeux, farouches,
Pleins de haine, ton nom, ma fille, est dans leurs bouches.
Reste ! ne quitte pas la tranquille maison
Où mes bras t’ont bercée en ta jeune saison,
Où mon lait bienheureux t’a sauvée et nourrie,
Où j’ai vu croître au jour ton enfance fleurie,