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I


La Vierge au char de nacre, aux tresses dénouées,
S’élance en souriant de la mer aux nuées
Dans un brouillard de perle empli de flèches d’or.
De son rose attelage elle presse l’essor ;
Elle baigne le mont bleuâtre aux lignes calmes,
Et la fraîche vallée où, bercés sur les palmes,
Les oiseaux au col rouge, au corps de diamant,
Dans les nids attiédis sifflent joyeusement.
Tout s’éveille, vêtu d’une couleur divine,
Tout étincelle et rit : le fleuve, la colline,
Et la gorge où, le soir, le tigre a miaulé,
Et le lac transparent de lotus étoilé.
Le bambou grêle sonne au vent ; les mousses hautes
Entendent murmurer leurs invisibles hôtes ;