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POÈMES ANTIQUES.

Immortel dont la force environne Milet ;
Si mes chants te sont doux, si mon encens te plaît,
Célèbre par ma voix, Dieu jeune et magnanime,
Hélène aux pieds d’argent, Hélène au corps sublime !


HÉLÈNE.


Cesse tes chants flatteurs, harmonieux ami.
D’un trouble inattendu tout mon cœur a frémi.
Réserve pour les Dieux, calmes dans l’Empyrée,
Ta louange éclatante et ta lyre inspirée.
La tristesse inquiète et sombre où je me vois
Ne s’est point dissipée aux accents de ta voix ;
Et du jour où voguant vers la divine Krète
Atride m’a quittée, une terreur secrète,
Un noir pressentiment envoyé par les Dieux
Habite en mon esprit tout plein de ses adieux.


LE CHŒUR DE FEMMES.


Ô fille de Léda, bannis ces terreurs vaines ;
Songe qu’un sang divin fait palpiter tes veines.
Honneur de notre Hellas, Hélène aux pieds d’argent,
Ne tente pas le sort oublieux et changeant.


HÉLÈNE.


Par delà les flots bleus, vers les rives lointaines,
Quel dessein malheureux a poussé tes antennes,
Noble Atride ! Que n’ai-je accompagné tes pas !
Peut-être que mes yeux ne te reverront pas !
Je te prie, ô Pallas, ô Déesse sévère,