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POÈMES TRAGIQUES.


Le long des frais buissons où rit le vent sonore,
Par le sentier qui fuit vers le lointain charmant
Où la molle vapeur bleuit et s’évapore,
Tous deux, sous la lumière humide de l’aurore,
S’en vont entrelacés et passent lentement
Par le sentier qui fuit vers le lointain charmant,
Le long des frais buissons où rit le vent sonore.

La volupté d’aimer clôt à demi leurs yeux,
Ils ne savent plus rien du vol de l’heure brève,
Le charme et la beauté de la terre et des cieux
Leur rendent éternel l’instant délicieux,
Et, dans l’enchantement de ce rêve d’un rêve,
Ils ne savent plus rien du vol de l’heure brève,
La volupté d’aimer clôt à demi leurs yeux.

Dans le ciel clair rayé par l’hirondelle alerte
L’aube fleurit toujours comme un divin rosier ;
Mais eux, sous la feuillée étincelante et verte,
N’entendront plus, un jour, les doux nids, l’aile ouverte,
jusqu’au fond de leur cœur chanter à plein gosier
Le matin qui fleurit comme un divin rosier
Dans le ciel clair rayé par l’hirondelle alerte.