Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/233

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meil, brusquement, pendant la nuit, terrible, a éveillé des cris au fond des demeures, en pénétrant dans la chambre des femmes. Les divinateurs des Songes, sous l’étreinte des Dieux, ont dit que ceux qui habitent sous la terre étaient indignés et enflammés de fureur contre les meurtriers.

Strophe II.

Ô terre, terre ! Cette femme impie m’a envoyée, cherchant par une expiation vaine à détourner le malheur ; mais je crains de parler. En effet, peut-on racheter le sang répandu ? Ô lamentable foyer ! Ô écroulement de ces demeures ! Plus de lumière ! Les ténèbres odieuses aux mortels ont enveloppé cette maison à la mort de ses maîtres !

Antistrophe II.

L’auguste respect, autrefois invincible, tout-puissant, inébranlable, qui entrait dans les oreilles et dans l’esprit, a maintenant disparu. Qui n’est point épouvanté ? La félicité est déesse parmi les mortels, et plus que déesse ; mais la justice rapide frappe les uns en plein jour, ou, plus tardive, atteint les autres au seuil des ténèbres. D’autres, enfin, sont engloutis dans la nuit éternelle.

Épôde.

Quand la terre nourricière a bu le sang, la souillure vengeresse devient ineffaçable. Le remords terrible travaille le coupable. La virginité une fois violée, il n’y a plus de remède. Les fleuves réuniraient leurs eaux qu’ils ne laveraient point la main qu’a souillée le meurtre.