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POÈMES BARBARES.


Ah ! par ton propre sang, ton noble sang qui fume,
Par tes siècles d’opprobre et d’angoisses sans fin,
Par tant de honte bue avec tant d’amertume ;

Par pitié pour tes fils suppliciés en vain,
Par ta chair maculée et ton âme avilie,
Par respect pour l’histoire et ton passé divin ;

Si tu ne peux revivre, et si le ciel t’oublie,
Donne à la liberté ton suprême soupir :
Lève-toi, lève-toi, magnanime Italie !

C’est l’heure du combat, c’est l’heure de mourir,
Et de voir, au bûcher de tes villes désertes,
De ton dernier regard la vengeance accourir !

Car peut-être qu’alors, sourde aux plaintes inertes,
Mais frappée en plein cœur d’un cri mâle jeté,
La France te viendra, les deux ailes ouvertes,

Par la route de l’aigle et de la liberté !