Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/161

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Ce dieu ne m’endort plus dans vos calmes retraites,
Quand midi rayonnant brûle les lourds rameaux.
Écoutez, ô forêts, mes tristesses secrètes ;
Versez votre silence et l’oubli sur mes maux.

Mes jours ne coulent plus au gré des heures douces.
Moins clair était le flot qui baigne les halliers,
Dont l’écume d’argent, parmi les vertes mousses,
Abreuve les oiseaux et les cerfs familiers.

Et mes yeux sont en pleurs, et la Muse infidèle
A délaissé mon sein d’un autre amour empli :
Fuyez, jeunes chansons, fuyez à tire d’aile ;
Pour la joie et pour vous mon cœur est plein d’oubli.