Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/228

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Comme un grand corps taillé par une main habile,
Le marbre te saisit d’une étreinte immobile.
Des pleurs marmoréens ruissellent de tes yeux ;
La neige du Paros ceint ton front soucieux.
En flots pétrifiés ta chevelure épaisse
Arrête sur ton cou l’ombre de chaque tresse ;
Et tes vagues regards où s’est éteint le jour,
Ton épaule superbe au sévère contour,
Tes larges flancs, si beaux dans leur splendeur royale,
Qu’ils brillaient à travers la pourpre orientale :
Et tes seins jaillissants, ces futurs nourriciers,
Des vengeurs de leur mère et des dieux justiciers,
Tout est marbre ! un dieu fend la pourpre de ta robe,
Et plus rien désormais aux yeux ne te dérobe !

Que ta douleur est belle, ô marbre sans pareil !