Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Et par delà le fleuve aux deux rives fleuries
Qui vers l’horizon bleu coule à travers les prés,
Le taureau mugissant, roi fougueux des prairies,
Hume l’air qui l’enivre et bat ses flancs pourprés.

La terre rit, confuse, à la vierge pareille
Qui d’un premier baiser frémit languissamment ;
Et son œil est humide et sa joue est vermeille,
Et son âme a senti les lèvres de l’amant.

Ô rougeur, volupté de la terre ravie !
Frissonnements des bois, souffles mystérieux !
Parfumez bien le cœur qui va goûter la vie,
Trempez-le dans la paix et la fraîcheur des cieux !