Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/272

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Il suspendit lui-même, au milieu des forêts,
La brillante toison dans le temple d’Arès ;
Et depuis, un dragon aux dieux mêmes terrible,
Veille sur ce trésor, gardien incorruptible.
Immense, vomissant la fumée et le feu,
De ses mouvants anneaux il entoure ce lieu.
Il n’a dormi jamais, et tout son corps flamboie ;
Il rugit en lion, en molosse il aboie ;
Comme l’aigle, habitant d’Athos aux pics déserts,
Il vole, hérissé d’écailles, dans les airs !
Il rampe, il se redresse, il bondit dans la plaine
Mieux qu’un jeune étalon à la puissante haleine ;
Et dans la sombre nuit, comme aux clartés du ciel,
Il darde incessamment un regard éternel !
Va donc, cher compagnon, harmonieux Orphée ;
Présente à ses regards cet immortel trophée ;