Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/276

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L’impassible destin, obéi des dieux mêmes,
Ordonne l’univers de ses décrets suprêmes.
Le destin sait, voit, juge ! Et tous lui sont soumis,
Et jamais il ne tient que ce qu’il a promis.
Repose-toi, mon hôte, et daigne en ma retraite
Calmer la sombre faim. — Fils de Pélée, apprête
Et le miel et le vin et nos agrestes mets.
Bientôt, roi de la Thrace, ô chanteur, qui soumets
Au joug mélodieux les forêts animées,
Les sources des vallons de tes accents charmées,
Et les rochers émus et les bêtes des bois,
Bientôt le noir destin parlera par ma voix.
Le destin dévorant, sourd comme l’onde amère,
Engloutit à son jour toute chose éphémère,
Ô fils d’Œagre ! Et moi, par Khronos engendré,
Qui dus être immortel, dont l’âge immesuré