Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/285

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Ne suivront plus d’en bas le grand aigle qui passe ;
Et, comme aux premiers jours d’un monde nouveau-né,
Jamais plus, de flots noirs partout environné,
Je ne verrai l’Olympe et ses neiges dorées
Remonter lentement aux cieux hyperborées !

Ô Khiron, dit Orphée, éloigne de ton cœur
Ces indignes regrets dont le sage est vainqueur.
Ton destin fut si beau parmi nos destins sombres !
Les siècles de la terre, à nos yeux couverts d’ombres
Sous ton large regard ont passé si longtemps,
Et ta vie est si pleine, ô fils aîné du Temps !
Que l’auguste science en ton sein amassée,
Doit calmer pour jamais ta grande âme blessée.
Daigne instruire plutôt mes esprits incertains,
Dis-moi des peuples morts les antiques destins,