Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/314

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La terre encor plongée en un vaste silence ;
Et seul, le doux Sommeil, le frère d’Atropos,
Plane d’un vol muet dans les cieux en repos.
Je ne foulerai point Argo chargé de gloire,
Fils d’Œagre ! J’attends le jour expiatoire ;
Et mon dernier regard, de tristesse incliné,
Contemple pour jamais la terre où je suis né.
L’Euros aux ailes d’or, d’une haleine attendrie
Confiera ma poussière à la douce patrie
Où fleurit ma jeunesse, où se cloront mes yeux !
Porte au grand Héraclès mes suprêmes adieux.
Dis-lui que, résigné, soumis à des lois justes,
Je vois errer ma mort entre ses mains augustes,
Et que nulle colère, en mon nom paternel,
Ne brûle contre lui pour ce jour solennel.
Mais Hélios encor, dans le sein de Nérée,