Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/316

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Il regarde l’Olympe où ses yeux savent lire,
Et du fils de Pélée il a saisi la lyre.
Sous ses doigts surhumains les cordes ont frémi,
Et s’emplissent d’un souffle en leur sein endormi,
Souffle immense, pareil aux plaintes magnanimes
Du bleuâtre Océan aux sonores abîmes.
Tel, le faible instrument gémit sous ses grands doigts,
Et roule en chants divins pour la première fois !
Un dieu du fils d’Œagre élargit la poitrine ;
D’une ardente lueur son regard s’illumine…
Il va chanter, il chante ! Et l’Olympe charmé
S’abaisse de plaisir sur le mont enflammé !
Cybèle aux épis d’or, sereine, inépuisable,
Des grèves où les flots expirent sur le sable
Jusqu’aux âpres sommets où dorment les hivers,
D’allégresse a senti tressaillir ses flancs verts !