Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/322

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Dieu jeune, qui te plais aux furieux murmures
Des femmes de l’Édon et du Mimas ! ô toi
Qui déchaînes, la nuit, sur les monts pleins d’effroi
Comme un torrent de feu l’ardente Sabasie…
De quels regrets ton âme, Évan, sera saisie,
Quand ce divin chanteur égorgé dans tes jeux
Rougira de son sang le Strymon orageux !
Ô mon fils ! — Mais sa voix expire dans les larmes.

— Centaure, dit Orphée, apaise tes alarmes ;
Les pleurs me sont sacrés qui tombent de tes yeux,
Mais la vie et la mort sont dans la main des dieux.

Il marche, et, reprenant le sentier de la veille,
S’éloigne. — Le ciel luit, le Pélion s’éveille,
Et secoue la rosée attachée à ses flancs.