Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/335

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


La fontaine limpide, en sa splendeur native,
Réfléchissait toujours les cieux de flamme emplis ;
Et sur ce triste front nulle haleine plaintive
De flots riants et purs ne vint rider les plis.

Sur les blancs nénuphars l’oiseau ployant ses ailes
Buvait de son bec rose en ce bassin charmant,
Et sans penser aux morts, tout couvert d’étincelles,
Volait sécher sa plume au tiède firmament.

La nature se rit des souffrances humaines ;
Ne contemplant jamais que sa propre grandeur,
Elle dispense à tous ses forces souveraines
Et garde pour sa part le calme et la splendeur.