Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/360

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Tapi dans l’herbe humide et sur soi reployé,
Le tigre au ventre jaune, au souple dos rayé,
Dormait ; et par endroits, le long des vertes îles,
Comme des troncs pesants flottaient les crocodiles.
Parfois, un éléphant songeur, roi des forêts,
Passait et se perdait dans les sentiers secrets,
Vaste contemporain des races terminées,
Triste, et se souvenant des antiques années.
L’inquiète gazelle, attentive à tout bruit,
Venait, disparaissait comme le trait qui fuit ;
Au-dessus des nopals bondissait l’antilope ;
Et sous les noirs taillis dont l’ombre l’enveloppe,
L’œil dilaté, le corps nerveux et frémissant,
L’immobile panthère humait leur jeune sang.
Du sommet des palmiers pendaient les grands reptiles,
Les couleuvres glissaient en spirales subtiles ;