Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/364

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La jeune Illusion qu’en mes beaux jours j’aimais.
Ô contemplation de l’essence des choses,
Efface de mon cœur ces pieds, ces lèvres roses,
Et ces tresses de flamme et ces yeux doux et noirs
Qui troublent le repos des austères devoirs.
Sous les figuiers divins, le lotus à cent feuilles,
Bienheureux Bhagavat, si jamais tu m’accueilles,
Puissé-je, libre enfin de ce désir amer,
M’ensevelir en toi comme on plonge à la mer.



NARADA


Que de jours disparus ! Toujours prompte à la tâche,
Durant la nuit, ma mère allait traire la vache :
Le serpent de Kala la mordit en chemin.
Ma pauvre mère, hélas ! mourut le lendemain.
Comme un enfant privé du seul être qui l’aime,