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Ni l’attente incertaine et ses pleurs indiscrets,
Ni les baisers promis, ni les voix de syrène
N’ont troublé de mon cœur la profondeur sereine.
J’honore Pan qui règne en ces bois révérés ;
J’offre un agreste hommage à ses autels sacrés,
Et Cybèle aux beaux flancs est ma divine amante.
Je m’endors en un pli de sa robe charmante ;
Et, dès que luit aux cieux le matin argenté,
Sur les fleurs de son sein je bois la volupté !
Dis, si je t’écoutais, combien dureraient-elles,
Ces ivresses d’un jour, ces amours immortelles ?
Ô nymphe de la mer, je ne veux pas t’aimer !
C’est vous que j’aime, ô bois qu’un dieu sait animer,
Ô matin rayonnant, ô nuit immense et belle !
C’est toi seule que j’aime, ô féconde Cybèle !