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Que mon cœur soit de marbre et sourd à ta détresse ;
Mais je ne puis t’aimer : Cybèle a pris mes jours,
Et rien ne brisera nos sublimes amours.
Va donc ! et, tarissant tes larmes soucieuses,
Danse bientôt, légère, à tes noces joyeuses !
Nulle vierge, mortelle ou déesse, au beau corps,
N’a vos soupirs divins ni vos profonds accords,
Ô bois mystérieux, temples aux frais portiques,
Chênes qui m’abritez de rameaux prophétiques,
Dont l’arome et les chants vont où s’en vont mes pas,
Vous qu’on aime sans cesse et qui ne trompez pas !
Qui d’un calme si pur enveloppez mon être,
Que j’oublie et la mort et l’heure où j’ai dû naître.
Ô nature, ô Cybèle, ô sereines forêts,
Gardez-moi le repos de vos asiles frais ;
Sous le platane épais d’où le silence tombe,