Page:Leconte de Lisle - Poëmes et Poésies, 1855.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
136

À travers les pins blancs qu’il secoue et qu’il ploie
Le vent gronde. La pluie aux grains de fer tournoie
Et disperse, le long des flots amoncelés,
De grands troupeaux de loups hurlants et flagellés.
Seule, immobile au sein des solitudes mornes,
Pareille au sombre Ymer évoqué par les Nomes,
Muette dans l’orage, inébranlable aux vents,
Et la tête plongée aux nuages mouvants,
Sur le cap nébuleux, sur le haut promontoire,
La tour du Runoïa se dresse toute noire :
Noire comme la nuit, haute comme les monts,
Et tournée à la fois vers les quatre horizons.


Mille torches pourtant flambent autour des salles,
Et nul souffle n’émeut leurs flammes colossales.