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Forces, grâces, splendeurs du ciel et de la terre ;
Dites-moi si mon cœur est près de se tarir :
Monde que j’ai conçu, dis-moi s’il faut mourir !


L’ENFANT.



La neige que l’orage en lourdes nappes fouette
Sur la côte glacée est à jamais muette.
Les clameurs de la mer ne te diront plus rien.
La nuit est sans oreille, et sur le cap ancien,
Le vent emporte, avec l’écume dispersée,
pomme un écho perdu ta parole insensée.
Les fleuves et les monts n’entendent plus ta voix ;
Tout l’univers, aveugle et stupide à la fois,
Roule comme un cadavre aux steppes de l’espace.
J’ai pris l’âme du monde, et sa force et sa grâce ;