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V

n’attriste que moi. S’il arrive donc que nous ne devions plus rien produire qui soit dû à nos propres efforts, sachons garder le souvenir des œuvres vénérables qui nous ont initiés à la poésie, et puisons dans la certitude même de leur inaccessible beauté la consolation de les comprendre et de les admirer. Le reproche qui m’a été adressé de préférer les morts aux vivants est on ne peut plus motivé, et j’y réponds par l’aveu le plus explicite. Quant à la seconde objection, elle n’est pas précisément aussi fondée.

En général, tout ce qui constitue l’art, la morale et la science était mort avec le Polythéisme. Tout a revécu à sa renaissance. C’est alors seulement que l’idée de la beauté reparaît dans l’intelligence et l’idée du droit dans l’ordre politique. En même temps que l’Aphrodite Anadyomène du Cor-