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Les glaives, de leur gaine arrachés par milliers,
Se heurtèrent aux mains de la foule en délire.
Avec des cris de rage et des éclats de rire,
Runoïas et chasseurs, de flammes enlacés,
Se ruaient au combat par élans insensés,
Comme un essaim confus d’abeilles furieuses ;
Ou tels que, vers midi, sous les faux radieuses,
Au rebord des sillons tombent les épis mûrs,
Et le sang jaillissait sur les parois des murs.
Mais voici qu’au milieu de la lutte suprême,
La tour, en flamboyant, s’affaissa sur soi-même,
Et comme une montagne, en son écroulement,
Emplit la noire nuit d’un long rugissement.


Seul des siens, à travers cette ruine immense,