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C’est ainsi que l’Aurore, à l’Océan pareille,
Disperse ses rayons sur la terre vermeille,
Comme de blancs troupeaux dans les herbages verts,
Et de son doux regard pénètre l’univers.
Elle conduit au seuil des humaines demeures
Le souci de la vie avec l’essaim des heures ;
Car rien ne se repose à sa vive clarté.
Seul, dilatant son cœur sous le ciel argenté,
Libre du vain désir des aurores futures,
L’homme juste vers elle élève ses mains pures.
Il sait que la Mâyâ, ce mensonge éternel,
Se rit de ce qui marche et pleure sous le ciel,
Et qu’en formes sans nombre illusion féconde,
Avant le cours des temps elle a rêvé le monde.