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Devant le seuil rustique où le Brahmane siège,
S’arrête, environné du belliqueux cortège.

— Richi, cher aux Dêvas, dit-il, sage aux longs jours,
Qui des temps fugitifs as mesuré le cours,
Écoute-moi : Mon cœur est couvert d’un nuage,
Et comme au vil Çudra les dieux m’ont fait outrage.
Je leur avais offert un sacrifice humain.
Le Brahmane sacré levait déjà la main,
Quand du pilier massif déliant la victime.
Ils ont terni ma gloire et m’ont chargé d’un crime.
J’ai parcouru les monts, les plaines, les cités.
Cherchant un homme pur des signes détestés
Qui lave de son sang ma faute involontaire
Et du ressentiment des dieux sauve la terre.