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premières poésies


Mais, quand la brune nuit abaisse ses deux ailes,
Mais, lorsque ton œil d’or aux voûtes éternelles
S’entr’ouvre avec amour,

Mon cœur est inondé d’ivresses solennelles,
Et voudrait, sans retour,
Mourir en un baiser sur tes roses prunelles !


À MARIE BEAMISH


Cher ange, il est, un nom qui fait battre mon cœur
Enivré de sa grâce,
Un nom mélodieux qui murmure : bonheur !
Quand sur ma lèvre il passe ;

Un nom dont le prestige est ineffable et doux,
Car, je sens, en mon âme,
Qu’il s’exhale en parfum et rafraîchit la flamme
De mon amour jaloux.

Sans lui, sans ce mot plein d’une tendresse humaine,
Étoile de mes jours,
Oh ! je sais que l’ivresse, et l’espoir, et la vie
Me fuiraient pour toujours !

Il faut sa note chère à mon âme inquiète,
Comme à l’oiseau le mil,
Comme au printemps il faut et les roses d’avril
Et les chants du poète.