Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/131

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L’enlever dans les cieux, ou pour la rajeunir,
Ou pour qu’elle en rapporte au moins mon souvenir.
Je t’environnerai de mon pieux silence.
Jaloux, sans t’offenser, ma molle vigilance
Embellira pour toi les lieux qui te plairont ;
J’habiterai les fleurs que tes pieds fouleront.
De peur de t’effrayer de mon dernier hommage,
Tes songes seulement t’offriront mon image,
Et, quand mes bras furtifs berceront ton sommeil,
De peur de m’oublier, tu craindras le réveil ;
Heureux, lorsqu’entr’ouvrant tes paupières chagrines,
Tu verras la lumière errer sous tes courtines,
Si tu crois voir, mon ange, au lieu du jour nouveau,
Mon ombre blanche et pâle effleurer ton rideau !
Promets donc que jamais notre lampe adorée,
Au lit d’un autre hymen, ne sera consacrée.
Je ne suis pas le seul, qui soit fait pour t’aimer,
Mais quel autre, après moi, pourrait la rallumer !
Quelle âme, avec la tienne, oserait se confondre !
Tu pleures, Béatrix.....