Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/169

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Semblaient, déjà pour moi s’échappant du poëme,
Marier mon sourire au sourire que j’aime !
Ivre, avant d’y céder, de tant d’illusions,
Et, sans savoir encor les vers que nous lirions,
Je savais à quel mot sa paupière baissée
Devait se relever, pour voir dans ma pensée.
J’imaginais de loin que mes regards joyeux
Lui gravaient dans le cœur ce qu’épelaient ses yeux :
J’inventais, pour l’aider, un encens de parole,
Et, guidant de ses flots la magique auréole,
Autour de son esprit, je les voyais errer,
Et parfumer le temple, avant d’y pénétrer….
Mais, comme on l’a conçu, quel ouvrage s’achève ?
Rien ne peut arriver, hélas ! comme on le rêve.
Le songe se transforme, en se réalisant,
Son éclat, moins trompeur, est aussi moins puissant ;
Un voile inaperçu gêne sa transparence :
Nulle faveur du sort ne vaut son espérance.