Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/171

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J’aurais voulu souvent, pâle d’anxiété,
Echapper, par la fuite, à ma félicité.

Quand les franges du jour, qui bordaient les nuages,
Balançaient leurs glands d’or à travers les feuillages,
Quand l’humide matin, qui joue avec ses pleurs,
En colorait la perle à la pointe des fleurs,
J’allais, dans les vallons, m’abreuvant d’éloquence,
Du réveil de la terre épier l’élégance.
Le soleil devant moi, variant mes tableaux,
De ses lettres de feu blasonnait les coteaux,
Et mes yeux moissonnaient, pour parer mon langage,
Tantôt une pensée, et tantôt une image.
Entouré de trésors, l’attente m’inspirait :
Comme ce luth vivant, que l’Egypte adorait,
Et dont l’aube thébaine, éveillant la prière,
Faisait vibrer le marbre épris de sa lumière,
L’aurore harmonieuse embaumait mes discours ;
Des guirlandes d’oiseaux, qui chantaient leurs amours,