Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/180

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Et que vous l’instruirez vous-même à me frapper :
C’est un malheur de plus, que je cherche à tromper.

Tout m’offusque d’ailleurs, m’effarouche, me gêne,
Et mêle à mon amour les frissons de la haine.
Etouffé de soupçons, tous les jours plus jaloux,
Je ne puis respirer dans le même air que vous.
Tantôt je suis crédule au plus chétif augure,
Tantôt tous vos sermens n’ont rien qui me rassure,
Et mes yeux attentifs, par l’avenir distraits,
Croient déjà voir la fourbe embarrasser vos traits.
Puis, à quoi m’attacher sur un sol qui vacille ?
Qu’est-ce qu’une alliance, incertaine et fragile,
Qu’un souffle délateur peut briser sans retours ?
Ce souffle peut venir, et je l’attends toujours.
Faut-il toujours rester sur le seuil de l’orage,
Et, luttant contre rien, suivre, comme un mirage,
Un bonheur qui voltige à tous les vents du sort ?
Non, mieux vaut, face à face, envisager la mort,