Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/182

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Mais moi, déshérité de croyance et de foi,
Qui sait si je vivrai, quand tu prîras pour moi !
Vivre ! oh, non ! quand deux cœurs, liés par leur promesse,
Ont vu la loi du sort dénouer leur tendresse,
Le plus faible en rattache un anneau dans les cieux,
Mais le plus fort se brise, et meurt de ses adieux.

Humble et discret hameau, pacifique royaume,
Où mes six mois de règne ont dormi sous le chaume,
Tu n’apaiseras plus ce cœur sombre et blessé !
Quand la nuit noircira mon sentier délaissé,
Tu ne me verras plus, regagnant ma demeure,
M’arréter attentif au bruit mourant de l’heure :
Crédule à l’avenir, sans croire au lendemain,
Cueillir, comme un enfant, les bleuets du chemin,
Et plus enfant peut-être, avec moins d’ignorance,
Dans une marguerite épier l’espérance.
Moi, je n’oublîrai pas (qui pourrait l’oublier ! )
De tes bois, si rêveurs, le temple familier,