Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/218

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

S’il est vrai, Maria, que jamais une femme
N’imprima, sans aimer, tant d’amour dans une âme,
Ne me refuse pas l’unique et dernier don,
Qui puisse repeupler mes heures d’abandon.
Donne-moi dans tes traits les traits de tous les anges,
Que je mêle, en mes vers, les baisers aux louanges.
Rends-moi, rends-moi long-temps, dans tes traits adorés,
Quelques-uns de ces jours tant chéris, tant pleurés,
Dont le retour possible échappe à l’espérance.
Que ton portrait du moins dorme avec ma souffrance,
Comme autrefois ton cœur sur mon cœur plus heureux ;
Sur l’ombre de ta bouche, imprimant mes aveux,
Que j’y recueille, en rêve, un soupir qui m’inspire,
Et si mes mains encor s’égarent sur la lyre,
Qu’on sente, Maria, qu’elle tremble à tes piés,
Et que ses derniers chants le sont tous dédiés !