Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/249

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Ce destin du génie, aveuglé par l’audace,
Dont l’essor novateur veut régenter l’espace,
Qui, de l’immensité s’instituant le roi,
Lui dicte une hypothèse à défaut d’une loi,
Et, de son code enfin déchirant le programme,
Vient abdiquer son vol aux genoux d’une femme ;
C’est le mien, Maria. Risible souverain,
J’ai cru pouvoir, tenant l’univers d’une main,
Y promener de l’autre un sceptre enthousiaste ;
D’un livre sans limite arrogant scholiaste,
J’ai, plongeant dans l’étude un œil réformateur,
Voulu donner au ciel un nouveau dictateur,
Et j’ai, pendant dix ans exilé volontaire,
Cherché dans l’infini le secret de la terre.
J’ai cru même souvent, plein d’un sublime effroi,
Sentir la vérité, qui passait devant moi ;