Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/280

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Je dis : Emporte-moi comme un flocon d’écume,
Qui meurt tout embrasé du midi qui l’allume ;
A l’abeille : Ton dard est entré dans mes fleurs,
Et le vent de ton aile a fané leurs couleurs.
Si j’aime la forêt, sous ses feuilles nouvelles,
C’est que j’espère, hélas ! tomber bientôt comme elles
Si j’aime à voir la serpe aux blés mûrs des vallons,
C’est que je voudrais être un épi des moissons,
Et si le rossignol, lorsque la nuit est grise,
Mêle ses chants plaintifs aux soupirs de la brise,
J’aime, assis sur la mousse, à répéter tout bas :
Quand je serai dessous, je ne l’entendrai pas.
La verdure m’afflige, elle est trop monotone.
J’ennuage l’été des brouillards de l’automne.
Voilà pourquoi mon ame accuse tant le sort,
Et triste, restera triste jusqu’à la mort.

Ma jeunesse a passé comme le météore
Qui s’éteint, en glissant, dans la nuit qu’il colore ;