Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/288

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Que les regrets sont longs, quand ils sont isolés,
Et que nos jours de joie, une fois envolés,
Laissent dans notre cœur de place à la souffrance !
Quand des brouillards du temps, où se perd l’espérance,
Nos regards, détournés par crainte ou par raison,
N’ont plus que le passé pour unique horizon,
Que ce passé fait mal, en nous faisant envie !
Les pleurs de la mémoire enveniment la vie.
Des fleurs du paradis, dont je suis descendu,
Mon souvenir tenace, hélas ! n’a rien perdu.
De tes soupirs éteints, mon sein, qui vibre encore,
Comme un luth qui se brise, exhale un cri sonore.
Comment flottait ton voile, et comment le soleil,
Jetant sous tes cheveux un nuage vermeil,
En bouclait chaque jour l’ombre sur ton visage,
Tout m’est présent encor, pour aigrir mon veuvage.
Dieu ! que dans l’abandon les regrets sont amers,
Et qu’un être de moins rend des foyers déserts !.