Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/295

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J’ai souvent avec joie égaré sur la terre
Ma curiosité nomade et solitaire ;
Mais depuis que j’ai vu mes chemins plus heureux
Se peupler sous tes pas du charme d’être deux,
Comment recommencer ces courses égoïstes ?
Qu’avec des souvenirs les voyages sont tristes !
Le jour, un nouveau site, un orage, un écueil,
De nos yeux étonnés peut distraire le deuil ;
Mais la nuit, quand du ciel l’obscurité profonde
Aiguise la mémoire, en lui cachant le monde,
Quand la fièvre du bruit et de l’activité
N’étourdit plus du cœur la rêveuse acreté,
La nuit, l’isolement nous apparaît sans voile>
Un rayon de douleur descend de chaque étoile ;
Et si pour fuir l’éclat de ces mornes flambeaux,
D’un foyer de passage on cherche le repos,
Seul, près du feu muet d’une ingrate demeure,
Assis, le front penché, loin de celle qu’on pleure,
Comment n’y pas pleurer jusqu’à son dernier sang ?
Ne faut-il pas de force y lire en gémissant