Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/298

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Rattacher à mes pieds mes errantes sandales,
Ou, suspendant ma vie au galop des cavales,
M’aller dessécher l’âme au soleil des déserts !
Non, je suis fatigué, saturé de revers.
J’ai besoin désormais d’un voyage tranquille ;
Ce qu’il me faut enfin, c’est un monde immobile.
Et ce monde ! on y peut arriver sans effort ;
On n’a qu’à se pencher… et je suis sur le bord I

Toi, qui ne sais pas même aujourd’hui si j’existe,
Et qui fais ta gaité de tout ce qui m’attriste,
Seras-tu, si je meurs, ingrate envers ma mort ?
Libre de mes soupçons, si quelque jour le sort
Te reporte, sans moi, sous les deux que je rêve,
Vers les vagues d’azur où se baigne Genève.,
Tes yeux moins inconstans que ce flottant miroir,
Dans le lac oublieux croiront-ils me revoir ?
Verras-tu, le cœur gros de ton ancienne joie,
Ces rochers affilés qu’aiguise la Savoie,