Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/33

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Allez voir le matin empourprer ses coupoles :
Le feu de ses rayons passe dans nos paroles ;
L’avenir transparent, que devancent nos vœux,
Suspend à l’horizon ses tableaux vaporeux,
Et, pour nous détourner de sonder ses promesses,
Met la crédulité de plus dans ses richesses.
Nos visions du jour en ont l’éclat vermeil :
On sent, à leur chaleur, qu’on les tient du soleil.
Si le lierre balance un rêve sur sa tige,
La mésange, qui passe, en porte un qui voltige.
La cascade a le sien, qu’elle berce en courant,
Et sur nos églantiers, mille autres murmurant
Vont, sans craindre l’abeille, ou le dard de la guêpe,
Boire ensemble du miel dans leurs coupes de crêpe.
Même avant de l’avoir, un désir s’accomplit :
L’impossible s’efface, ou du moins s’affaiblit.
Joyeux, sans s’imposer la fatigue de l’être,
Et jouissant de tout, sans vouloir rien connaître,
On oublie où l’on vit, pour vivre où vont les yeux :
Chaque oubli de soi-même est un pas dans les cieux.