Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/35

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C’est l’heure où, loin du monde, errant en liberté,
On respire le mieux l’air qu’il n’a point gâté.
Déjà sous le poignard d’une angoisse future,
Mon cœur martyrisé, que l’avenir torture,
S’abreuve avec lenteur d’un charme qui l’endort,
Et perd ce sens fatal, qui devine le sort.
Caressant mollement ma vague fantaisie,
L’Ange de la tristesse, ou de la poésie,
(C’est le même) suspend, sur mon front soucieux,
Son plumage embaumé d’un nectar radieux.
Si la lune se lève, et laisse, sur la terre,
Tomber de ses baisers le lumineux mystère,
Je crois sentir aussi son silence argenté
Rafraîchir, de mon sang, la fiévreuse âcreté.
Si la lune est absente, il reste des étoiles,
Et leurs feux, dépliés dans d’invisibles voiles,
Semblent, du fond des airs, députés sur nos bords,
Caravane suprême, y semer leurs trésors.
Je ne demande pas quelle règle éternelle
Entretient, en marchant, leur clarté solennelle,