Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/385

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Sur un brin Je fraisier découvre une Amérique,
Et d’un peuple inconnu parcourt la république,
Dans un grain d’opium l’âme voit à son tour,
Un magique univers étinceler au jour.
C’est ce monde attrayant, panaché de merveilles,
Que le pastel arabe a brodé dans ses veilles ;
C’est le même, il déroule, à nos regards ravis,
Ses tours de chrysolithe, et ses champs de rubis,
Ses jardins florencés d’étoiles odorantes,
Ses fontaines de naphte et de flammes courantes,
Et ses arbres vivans, de perles pavoisés,
Où volent, en chantant, des oiseaux embrasés.
Vous qui souffrez, mouillez vos lèvres de népenthe :
Un fleuve de vapeurs dans les veines serpente,
L’œil se ferme à la terre, et le front sans douleurs,
Sous son bandeau d’épine, étincelle de fleurs.

Sur ma couche, autrefois, roulé par l’insomnie,
Tout m’y faisait sentir les pointes de la vie,