Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/401

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S’il fallait, un seul jour, rappelé vers la ville,
Des bois, qu’elle habitait, abandonner l’asile !
Qui n’aurait pas rêvé de plus durables nœuds,
Quand elle m’entourait de ses muets aveux,
Comme un jour, en tombant, l’or bouclé de ses tresses
Avait, à ses genoux, enlacé mes caresses !
Qui pouvait pressentir que je la quitterais,
Quand souvent mon bonheur, réfléchi sur ses traits,
Pour me remercier, leur prêtait sa lumière,
Et, loin des yeux jaloux, quand la même chaumière,
Sous nos rideaux de fleurs, dérobait nos sermens ?
Quand sa voix, qui pleurait, désarmant mes tourmens,
À mes soupçons craintifs opposait l’espérance,
Qui pouvait deviner qu’un excès de souffrance
Emporterait mes pas, loin des siens, pour toujours ?
Que mes heures de joie ont duré peu de jours !
Ces heures, que mon âme avait thésaurisées,
Qu’étaient-elles, hélas ? Des gouttes de rosées,
Que lègue au lys des champs l’aile d’un séraphin,
Qui s’envole, et du ciel ne viendra pas demain,