Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/413

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Que je ne songeais plus à ma fatale amour !
Qu’on dise qu’on m’a vu pleurer, le dernier jour,
Pour une autre, et jamais… cache-lui mon délire,
Elle jouirait trop de son funèbre empire.
Si je meurs, chante-moi, mais brûle tous ces vers
Que marque, avec son nom, le cachet de mes fers ;
Qu’elle ne pense pas que je suis mort pour elle !
Dis qu’avant d’expirer, mon œil pâle et rebelle,
Pour n’y pas voir ses traits, s’est détourné des deux,
Dis que je n’ai trouvé digne de mes adieux,
Que ton nom, que celui d’une sœur, ou d’un frère,
Qui tombait de mon sang avec celui d’un père ;
Comme un affront pour moi cache la vérité.
Dis que mon dernier cri fut pour la liberté,
Et jamais pour l’amour — qui l’obtiendra peut-être.
Qu’elle ignore un regret, dont je ne suis pas maître,
Et ne s’applique pas mon trépas sur le cœur,
Comme un fard inventé pour parer sa langueur !
Que mon cadavre au moins, quand j’ai vendu mon âme,
Ne serve pas d’enseigne au boudoir d’une femme !