Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/415

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Échappés à l’ennui d’un chagrin solitaire,
Je ne présumais pas que jamais sur la terre,
D’autres que vous, Soumet, pourraient lire, après moi,
Ces mémoires, sans nom, d’un homme ivre de foi.
Vous savez qu’en fuyant du côté des orages,
Je n’avais dans vos mains déposé ces ouvrages,
Qu’en leur dressant d’avance un posthume bûcher.
A cet arrêt, sans doute, il fallait s’attacher ;
Mais vous avez voulu, combattant ma prudence,
Ne plus accepter seul ma sombre confidence,
El je vais, admettant le public à mes pleurs,
Lui donner à juger mes dix ans de douleurs.
Puisse au moins de ces vers le fraternel hommage,
Empruntant votre nom comme un premier suffrage,
Consoler à l’écart ceux qui, las de souffrir,
Ne savent pas se plaindre, et se laissent mourir !
Puissent-ils, grâce à vous, guérir quelques alarmes,
Et sur des cœurs flétris, gonflés des mêmes larmes,
Qu’essuya tant de fois votre longue amitié,
Répandre, au lieu d’espoir, un parfum de pitié !