Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/431

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Et quand le vent gémit dans les bois qu’il querelle, ;
Je me trouve un instant semblable à l’hirondelle,
Qui, blessée autrefois par le plomb des chasseurs,
Du côté du printemps voit émigrer ses sœurs,
Et, ne pouvant voler vers une autre hémisphère,
Se tapit, dans son nid, honteuse et solitaire.
Je me mets à songer qu’on n’aime pas deux fois,
Qu’aux autels d’un faux dieu j’ai prosterné ma voix,
Et que si par hasard, sous mes regards d’automne,
Un jeune ange, plus pur que sa blanche couronne,
Passait, — mon cœur prodigue, aujourd’hui sans pouvoir,
N’ayant rien à donner, n’a rien à recevoir.
Il me prend de moi-même une pitié profonde,
D’avoir été si vite à connaître le monde :
Chaque goutte de pluie a des échos secrets,
Effeuille des plaisirs, réveille des regrets,
On sent grincer la bise autour d’une blessure,
C’est triste ; mais ce mal fuit, quand le ciel s’épure,
L’été dure long-temps, il ne pleut pas toujours,
Un rayon de soleil arrive à mon secours,