Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/433

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Dans ce monde inconnu, qu’on parcourt à tâtons,
Faisons-nous bien toujours tout ce que nous voulons ?
Du tissu de son cœur examinant la trame,
Est-ce à moi, qui l’aimai, dejuger cette femme ?
N’a-t-elle pas suivi sa nature en trompant,
Gomme j’avais suivi la mienne en l’adorant ?
Est-ce sa faute enfin d’être née infidèle ?
N’est-ce pas, j’ai mal fait, de m’irriter contre elle ?
Dans le moment sans doute, abimé de douleur,
On redresse ses dards sous le pied du malheur,
On s’en prend de son mal à l’objet qui le cause,
Comme souvent de rage on écrase une rose,
Dont l’épine innocente a piqué notre main ;
Mais faut-il prolonger.un courroux si mesquin ?
Non, quand je réfléchis à la faiblesse humaine,
Je crois que je rougis de mes heures de haine.
J’ai déjà dans vos mains abjuré mon amour,
Et ma colère, ami, je l’abjure à son tour.
J’ai laissé subsister mon psaume de vengeance,
Pour tracer, en entier, ma route de souffrance ;