Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/57

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Qui suit son mouvement, quand il veut l’imprimer,
N’a pas, comme le cœur, son hymen à former !
N’a-t-il pas, comme lui, son aimant, et ses chaînes ?
N’ai-je pas vu souvent vos paroles soudaines,
Exprimer, avant moi, ce que j’avais pensé ?
Quand, sur le fleuve hier, notre esquif balancé,
Y sillonnait du ciel la coupole écumeuse,
N’ai-je pas vu vingt fois votre langueur dormeuse
M’indiquer les tableaux que j’allais vous montrer,
Et ce que j’admirais, vos regards l’admirer ?
Et quand je vous disais, un jour sur la colline,
Lorsqu’un souffle, agitant nos rideaux d’aubépine,
Avertissait les fleurs que vous alliez venir :
Vois-tu, comme on s’éveille ici pour te bénir,
Et comme la nature, heureuse quand tu passes,
Ordonne à ses enfans de parfumer tes traces !
Ne murmuriez-vous pas, en les voyant pencher :
On dirait que les fleurs nous entendent marcher,
Et d’un œil embaumé regardent, curieuses,
Si, quand nous nous parlons, deux âmes sont joyeuses.