Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/85

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Sous l’ogive des bois, dans l’air et sur les eaux,
De nos vœux dispersés, recueillons les tableaux,
Et d’un sort menaçant démentant les présages,
Comme un oracle ami lisons nos paysages.
Soyons, comme les fleurs, qu’on commence à moins voir,
Et qui semblent de loin écouter, si le soir
Vient, avec la rosée, humectant la verdure,
D’un collier pluvieux leur prêter la bordure :
Essayons de prévoir un ciel long-temps serein,
Et n’allons pas, tremblans d’un orage incertain,
Laisser l’aziola, pleurant dans la feuillée,
Des chants du rossignol attrister la veillée.
Qui sait si cette nuit n’aura pas le pouvoir
D’alonger d’un anneau notre chaîne d’espoir !

D’un rêve d’Elysée embellissons ces plaines.
Confions-nous, tout bas, nos secrets et nos peines,
Nouons nos deux passés, marions notre ennui :
Retrouvons-nous ensemble hier comme aujourd’hui.